A mesure de l’ombre

Exposition présentée à Espace culturel Lucien-Prigent à Landivisiau.

Après sa participation à la Biennale Hors-normes de Lyon et une résidence au Musée Rodin de Meudon, Myriam Martinez s’installe sur deux des trois niveaux du lumineux espace Lucien-Prigent, du nom du sculpteur sur bois, décédé en 1992, dont de nombreuses œuvres sont exposées au dernier étage. L’occasion d’un regard monographique sur un travail qui, s’il embrasse le textile, le dessin, l’installation, la musique, a pour cœur la céramique. L’artiste affirme « traduire des états de danse en créations plastique, exprimer des états de corps, des sensations, des étrangetés » et revendique l’influence prédominante de la danse, qu’elle pratique. Plusieurs œuvres, aux corps contorsionnés, en attestent la prégnance. « J’aime quand le corps maîtrise et non la tête. » Son exploration d’un au-delà du rationnel évolue de l’onirique à l’étrange : nuage d’aiguilles de céramique suspendues, sur lesquels des mots en espagnol (sa langue maternelle) sont gravés tels des « poèmes à ciel ouvert » (…) Dans les rondes- bosses, elles prolifèrent en lieu et place de visages ou de chevelures, jaillissent, d’une capuche ou forment des masses pareilles à des nuages épais, et recouvrent ou absorbent des corps. Ailleurs, dans des reliefs placés au mur, d’autres corps y disparaissent horizontalement ou s’y élancent verticalement. Autant d’images oniriques tout à la fois incongrus, drolatiques, toute pleines d’un charme absurde, inexplicable et poétique. « Cette « fourrure » est comme une peau, qui peut tout exprimer d’une façon plus contrastée. La peau lisse, cela a déjà été fait. Les figures n’ont pas de visage. La peau devient visage. Cela ne laisse pas indifférent.

Mikaël Faujour, blog d’Artension